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DES INSTITUTIIONS D’ÉDUCATION

tions les plus simples : chaque pas dans ces siences est aussi aisé, par rapport à l’antécédent, que la conséquence la plus naturelle tirée des circonstances les plus ordinaires. Ce qui lasse les enfants, c’est de leur faire sauter les intermédiaires, de les faire avancer sans qu’ils sachent ce qu’ils croient avoir appris. Il y a dans leur tête alors une sorte de confusion qui leur rend tout examen redoutable et leur inspire un invincible dégoût pour le travail. Il n’existe pas de trace de ces inconvénients chez Pestalozzi : les enfants s’amusent de leurs études, non pas qu’on leur en fasse un jeu, ce qui, comme je l’ai déjà dit, met l’ennui dans le plaisir et la frivolité dans l’étude, mais parce qu’ils goûtent dès l’enfance le plaisir des hommes faits, savoir, comprendre et terminer ce dont ils sont chargés.

La méthode de Pestalozzi, comme tout ce qui est vraiment bon, n’est pas une découverte entièrement nouvelle, mais une application éclairée et persévérante de vérités déjà connues. La patience, l’observation et l’étude philosophique des procédés de l’esprit humain, lui ont fait connoître ce qu’il y a d’élémentaire dans les pensées et de successif dans leur développement ; et il a poussé plus loin qu’un autre la théorie et la pratique de