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DES INSTITUTIONS D’ÉDUCATION

guidés par leurs maîtres ; dans la seconde, ils s instruisent volontairement, et cette éducation de choix c’est dans les grandes universités qu’il faut la recevoir. L’instruction qu’on acquiert chez Pestalozzi donne à chaque homme, de quelque classe qu’il soit, une base sur laquelle il peut bâtir à son gré la chaumière du pauvre ou les palais des rois.

On auroit tort si l’on croyoit en France qu’il n’y a rien de bon à prendre dans l’école de Pestalozzi que sa méthode rapide pour apprendre à calculer. Pestalozzi lui-même n’est pas mathématicien ; il sait mal les langues ; il n’a que le génie et l’instinct du développement intérieur de l’intelligence des enfants ; il voit quel chemin leur pensée suit pour arriver au but. Cette loyauté de caractère, qui répand un si noble calme sur les affections du cœur, Pestalozzi l’a jugée nécessaire aussi dans les opérations de l’esprit. Il pense qu’il y a un plaisir de moralité dans des études complètes. En effet, nous voyons sans cesse que les connoissances superficielles inspirent une sorte d’arrogance dédaigneuse qui fait repousser comme inutile, ou dangereux, ou ridicule, tout ce qu’on ne sait pas. Nous voyons aussi que ces connoissances superficielles obligent à cacher ha-