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DES INSTITUTIONS D’ÉDUCATION

ble et pur, qui est la religion habituelle du cœur. La vérité, la bonté, la confiance, l’affection entourent les enfants ; c’est dans cette atmosphère qu’ils vivent, et pour quelque temps du moins ils restent étrangers à toutes les passions haineuses, à tous les préjugés orgueilleux du monde. Un éloquent philosophe, Fichte, a dit qu’il attendoit la régénération de la nation allemande de l’institut de Pestalozzi : il faut convenir au moins qu’une révolution fondée sur de pareils moyens ne seroit ni violente ni rapide, car l’éducation, quelque bonne qu’elle puisse être, n’est rien en comparaison de l’influence des événements publics : l’instruction perce goutte à goutte le rocher, mais le torrent l’enlève un jour.

Il faut rendre surtout hommage à Pestalozzi pour le soin qu’il a pris de mettre son institut à la portée des personnes sans fortune, en réduisant le prix de sa pension autant qu’il étoit possible. Il s’est constamment occupé de la classe des pauvres, et veut lui assurer le bienfait des lumières pures et de l’instruction solide. Les ouvrages de Pestalozzi sont sous ce rapport une lecture très-curieuse : il a fait des romans dans lesquels les situations de la vie des gens du peuple sont peintes avec un intérêt, une vérité et une moralité par-