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DE L’ALLEMAGNE

CHAPITRE XX.

La fête d’Interlaken.


Il faut attribuer au caractère germanique une grande partie des vertus de la Suisse allemande. Néanmoins il y a plus d’esprit public en Suisse qu’en Allemagne, plus de patriotisme, plus d’énergie, plus d’accord dans les opinions et les sentiments ; mais aussi la petitesse des États et la pauvreté du pays n’y excitent en aucune manière le génie ; on y trouve bien moins de savants et de penseurs que dans le nord de l’Allemagne, où le relâchement même des liens politiques donne l’essor à toutes les nobles rêveries, à tous les systèmes hardis qui ne sont point soumis à la nature des choses. Les Suisses ne sont pas une nation poétique, et l’on s’étonne avec raison que l’admirable aspect de leur contrée n’ait pas enflammé davantage leur imagination. Toutefois un peuple