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DE L’ALLEMAGNE

la simplicité du pays. On y souhaiteroit les arts, la poésie, l’amour, tandis qu’il faut pouvoir s’y contenter du repos et de la vie champêtre.

Le soir qui précéda la fête on alluma des feux sur les montagnes ; c’est ainsi que jadis lies libérateurs de la Suisse se donnèrent le signal de leur sainte conspiration. Ces feux placés sur les sommets ressembloient à la lune lorsqu’elle se lève derrière les montagnes, et qu’elle se montre à la fois ardente et paisible. On eût dit que des astres nouveaux venoient assister au plus touchant spectacle que notre monde puisse encore offrir. L’un de ces signaux enflammés sembloit placé dans le ciel, d’où il éclairoit les ruines du château d’Unspunnen, autrefois possédé par Berthold, le fondateur de Berne, en mémoire de qui se donnoit la fête. Des ténèbres profondes environnaient ce point lumineux, et les montagnes, qui pendant la nuit ressemblent à de grands fantômes, apparoissoient comme l’ombre gigantesque des morts qu’on vouloit célébrer.

Le jour de la fête le temps étoit doux, mais nébuleux ; il falloit que la nature répondit à l’attendrissement de tous les cœurs. L’enceinte choisie pour les jeux est entourée de collines parse-