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KLOPSTOCK

poèmes, l’Enfer, du Dante, et le Paradis Perdu, de Milton : l’un étoit plein d’images et de fantômes, comme la religion extérieure des Italiens. Milton, qui avoit vécu au milieu des guerres civiles, excelloit surtout dans la peinture des caractères, et son Satan est un factieux gigantesque, armé contre la monarchie du ciel. Klopstock a conçu le sentiment chrétien dans toute sa pureté ; c’est au divin Sauveur des hommes que son âme a été consacrée. Les Pères de l’Eglise ont inspiré Le Dante ; la Bible, Milton : les plus grandes beautés du poème de Rlopstock sont puisées dans le Nouveau Testament ; il sait faire ressortir de la simplicité divine de l’Évangile un charme de poésie qui n’en altère point la pureté.

Lorsqu’on commence ce poëme, on croit entrer dans une grande église, au milieu de laquelle un orgue se fait entendre, et l’attendrissement, et le recueillement que les temples du Seigneur inspirent, s’emparent de l’âme en lisant la Messiade.

Klopstock se proposa, dès sa jeunesse, ce poëme pour but de son existence : il me semble que les hommes s’acquitteroient tous dignement envers la vie, si, dans un genre quelconque, un noble objet, une grande idée signaloient leur pas-