Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
LA LITTÉRATURE ET LES ARTS

treindre à choisir des sujets dans lesquels la poésie, comme la peinture, n’ayant pour modèle rien de vivant, ne peuvent représenter que des statues ; mais cette discussion est étrangère au mérite de Winckelmann : il a fait connoître en quoi consistoit le goût antique dans les beaux-arts ; c’étoit aux modernes à sentir ce qu’il leur convenoit d’adopter ou de rejeter à cet égard. Lorsqu’un homme de talent parvient à manifester les secrets d’une nature antique ou étrangère, il rend service par l’impulsion qu’il trace : l’émotion reçue doit se transformer en nous-mêmes : et plus cette émotion est vraie, moins elle inspire une servile imitation.

Winckelmann a développé les vrais principes admis maintenant dans les arts sur l’idéal, sur cette nature perfectionnée dont le type est dans notre imagination, et non au dehors de nous. L’application de ces principes à la littérature est singulièrement féconde.

La poétique de tous les arts est rassemblée sous un même point de vue dans les écrits de Winckelmann, et tous y ont gagné. On a mieux compris la poésie par la sculpture, la sculpture par la poésie, et l’on a été conduit par les arts des Grecs à leur philosophie. La métaphysique