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DU STYLE ET DE VERSIFICATION

guère aux langues modernes. Les terminaisons éclatantes des mots grecs et latins faisoient sentir quels étoient parmi les mots ceux qui devoient se joindre ensemble, lors même qu’ils étoient séparés : les signes des déclinaisons chez les Allemands sont tellement sourds qu’on a beaucoup de peine à retrouver les paroles qui dépendent les unes des autres sous ces uniformes couleurs.

Lorsque les étrangers se plaignent du travail qu’exige l’étude de l allemand, on leur répond qu’il est très-facile d’écrire dans cette langue avec la simplicité de la grammaire française, tandis qu’il est impossible en français d’adopter la période allemande, et qu’ainsi donc il faut la considérer comme un moyen de plus ; mais ce moyen séduit les écrivains, et ils en usent trop. L’allemand est peut-être la seule langue dans laquelle les vers soient plus faciles à comprendre que la prose, la phrase poétique, étant nécessairement coupée par la mesure même du vers, ne sauroit se prolonger au-delà.

Sans doute il y a plus de nuances, plus de liens entre les pensées dans ces périodes qui forment un tout et rassemblent sous un même point de vue les divers rapports qui tiennent au même sujet ; mais, si l’on se laissoit aller à l’enchaîne-