Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DES POÈMES ALLEMANDS

Amanda, l’épouse de Huon, après de longues traverses, met au monde un fils, et rien n’est ravissant comme le tableau de la maternité dans le désert : ce nouvel être qui vient animer la solitude, ces regards incertains de l’enfance, que la tendresse passionnée de la mère cherche à fixer sur elle, tout est plein de sentiment et de vérité. Les épreuves auxquelles Obéron et Titania veulent soumettre les deux époux continuent ; mais à la fin leur constance est récompensée. Quoiqu’il y ait des longueurs dans ce poëme, il est impossible de ne pas le considérer comme un ouvrage charmant, et s’il étoit bien traduit en vers français, il seroit jugé tel.

Avant et après Wieland il y a eu des poètes qui ont essayé d’écrire dans le genre français et italien : mais ce qu’ils ont fait ne vaut guère la peine d’être cité : et si la littérature allemande n’avoit pas pris un caractère à elle, sûrement elle ne feroit pas époque dans l’histoire des beaux-arts. C’est à la Messiade de Klopstock qu’il faut fixer l’époque de la poésie en Allemagne.

Le héros de ce poëme, selon notre langage mortel, inspire au même degré l’admiration et la pitié, sans que jamais l’un de ces sentiments soit