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OBSERVATIONS GÉNÉRALES

dans leur système littéraire et philosophique. L’Allemagne intellectuelle n’est presque pas connue de la France ; bien peu d’hommes de lettres parmi nous s’en sont occupés. Il est vrai qu’un beaucoup plus grand nombre la juge. Cette agréable légèreté, qui fait prononcer sur ce qu’on ignore, peut avoir de l’élégance quand on parle, mais non quand on écrit. Les Allemands ont le tort de mettre souvent dans la conversation ce qui ne convient qu’aux livres ; les Français ont quelquefois aussi celui de mettre dans les livres ce qui ne convient qu’à la conversation ; et nous avons tellement épuisé tout ce qui est superficiel, que, même pour la grâce, et surtout pour la variété, il faudroit, ce me semble, essayer d’un peu plus de profondeur.

J’ai donc cru qu’il pouvoit y avoir quelques avantages à faire connoître le pays de l’Europe où l’étude et la méditation ont été portées si loin, qu’on peut le considérer comme la patrie de la pensée. Les réflexions que le pays et les livres m’ont suggérées seront partagées en quatre sections. La première traitera de l’Allemagne et des mœurs des Allemands ; la seconde, de la littérature et des arts ; la troisième, de la philosophie et de la morale ; la quatrième, de la religion et de