Page:De Staël – De l’Allemagne, Tome 1, 1814.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
13
DE L’ASPECT DE L’ALLEMAGNE

homie. Les maisons dans plusieurs villes sont peintes en dehors de diverses couleurs. On y voit des figures de saints, des ornements de tout genre, dont le goût n’est assurément pas parfait, mais qui varient l’aspect des habitations et semblent indiquer un désir bienveillant de plaire à ses concitoyens et aux étrangers. L’éclat et la splendeur d’un palais servent à l’amour-propre de celui qui le possède ; mais la décoration soignée, la parure et la bonne intention des petites demeures ont quelque chose d’hospitalier.

Les jardins sont presque aussi beaux dans quelques parties de l’Allemagne qu’en Angleterre ; le luxe des jardins suppose toujours qu’on aime la nature. En Angleterre, des maisons très-simples sont bâties au milieu des parcs les plus magnifiques ; le propriétaire néglige sa demeure et pare avec soin la campagne. Cette magnificence et cette simplicité réunies n’existent sûrement pas au même degré en Allemagne ; cependant, à travers le manque de fortune et l’orgueil féodal, on aperçoit en tout un certain amour du beau qui, tôt ou tard, doit donner du goût et de la grâce, puisqu’il en est la véritable source. Souvent au milieu des superbes jardins des princes allemands l’on place des harpes éoliennes près des grottes