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DE L’ALLEMAGNE

droient comme délassement, mais qui abrutissent comme occupations. Pendant ce temps les femmes cultivent leur esprit, et le sentiment et la rêverie conservent dans leur âme l’image de tout ce qui est noble et beau.

Les femmes allemandes ont un charme qui leur est tout-à-fait particulier, un son de voix touchant, des cheveux blonds, un teint éblouissant ; elles sont modestes, mais moins timides que les anglaises ; on voit qu’elles ont rencontré moins souvent des hommes qui leur fussent supérieurs, et qu’elles ont d’ailleurs moins à craindre des jugements sévères du public. Elles cherchent à plaire par la sensibilité, à intéresser par l’imagination ; la langue de la poésie et des beaux-arts leur est connue ; elles font de la coquetterie avec de l’enthousiasme, comme on en fait en France avec de l’esprit et de la plaisanterie. La loyauté parfaite qui distingue le caractère des Allemands rend l’amour moins, dangereux pour le bonheur des femmes, et peut-être s’approchent-elles de ce sentiment avec plus de confiance, parce, qu’il est revêtu de couleurs romanesques, et que le dédain et l’infidélité y sont moins à redouter qu’ailleurs.

L’amour, est une religion en Allemagne, mais