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L’AUTRICHE

ples très-divers, tels que les Bohèmes, les Hongrois, etc., n’a point cette unité si nécessaire à une monarchie ; néanmoins la grande modération des maîtres de l’État a fait depuis long-temps un lien pour tous de l’attachement à un seul. L’empereur d’Allemagne étoit tout à la fois souverain de son propre pays, et chef constitutionnel de l’Empire. Sous ce dernier rapport, il avoit à ménager des intérêts divers et des lois établies, et prenoit, comme magistrat impérial, une habitude de justice et de prudence, qu’il reportoit ensuite dans le gouvernement de ses États héréditaires. La nation bohème et hongroise, les Tyroliens et les Flamands, qui composoient autrefois la monarchie, ont tous plus de vivacité naturelle que les véritables Autrichiens ; ceux-ci s’occupent sans cesse de l’art de modérer au lieu de celui d’encourager. Un gouvernement équitable, une terre fertile, une nation riche et sage, tout devoit leur faire croire qu’il ne falloit que se maintenir pour être bien, et qu’on n’avoit besoin en aucun genre du secours extraordinaire des talents supérieurs. On peut s’en passer en effet dans les temps paisibles de l’histoire ; mais que faire sans eux dans les grandes luttes ?

L’esprit du catholicisme qui dominoit à Vienne,