Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

gouvernement fédératif en France. Rien ne s’accorderoit plus mal avec le caractère de la nation, qui aime l’éclat et le mouvement : il faut pour l’un et l’autre une ville qui soit le foyer des talens et des richesses de l’empire. On peut avoir raison de se plaindre de la corruption d’une capitale, et de tous les grands rassemblemens d’hommes en général ; telle est la condition de l’espèce humaine ; mais on ne sauroit guère ramener en France les esprits à la vertu que par les lumières et le besoin des suffrages. L’amour de la considération ou de la gloire, dans ses différens degrés, peut seul faire remonter graduellement de l’égoïsme à la conscience. D’ailleurs, l’état politique et militaire des grandes monarchies qui environnent la France exposeroit son indépendance, si l’on affaiblissoit sa force de réunion. Les girondins n’y ont point songé ; mais, comme ils avoient beaucoup d’adhérens dans les provinces, où l’on commençoit à acquérir des connaissances en politique, par le simple effet d’une représentation nationale, c’est dans les provinces que l’opposition aux tyrans factieux de Paris s’est montrée.

C’est vers ce temps aussi qu’a commencé la guerre de la Vendée, et rien ne fait plus d’hon-