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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/105

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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

ni sur leur fortune, ont en général plus d’indépendance dans leur manière de voir que cet essaim obscur qui s’accroche à la faveur pour en obtenir quelques dons nouveaux à chaque occasion nouvelle. M. Necker faisoit des retranchemens dans la maison du roi, dans la somme destinée aux pensions, dans les charges de finances dans les gratifications accordées aux gens de la cour sur ces charges. Ce système économique ne convenoit point à tous ceux qui avoient déjà pris l’habitude d’être payés par le gouvernement, et de pratiquer l’industrie des sollicitations comme moyen de vivre. En vain, pour se donner plus de force, M. Necker avoit-il montré un désintéressement personnel inouï jusqu’alors, en refusant tous les appointemens de sa place. Qu’importoit ce désintéressement à ceux qui rejetoient bien loin d’eux un tel exemple ? Cette conduite vraiment généreuse ne désarma point la colère des hommes et des femmes qui rencontroient dans M. Necker un obstacle à des abus tellement passés en habitude, qu’il leur sembloit injuste de vouloir les supprimer.

Les femmes d’un certain rang se mêloient de tout avant la révolution. Leurs maris ou leurs frères les employoient toujours pour aller chez