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CONSIDÉRATIONS

morale de l’homme se retrouve dans les rapports des grands seigneurs avec leur chef. L’ordre social, qui admet tous nos semblables à l’égalité devant la loi, comme devant Dieu, est aussi-bien d’accord avec la religion chrétienne qu’avec la véritable liberté l’une et l’autre, dans des sphères différentes, doivent suivre les mêmes principes.

Depuis que les nations du Nord et de la Germanie ont renversé l’empire occident, les lois qu’elles ont apportées se sont modifiées successivement car le temps, comme dit Bacon est le plus grand des novateurs. Il seroit difficile de fixer avec précision la date des divers changemens qui ont eu lieu ; car, en discutant les faits principaux, on trouve qu’ils empiètent les uns sur les autres. Mais il me semble cependant que l’attention peut s’arrêter sur quatre époques dans lesquelles ces changemens, annoncés d’avance se sont manifestés avec éclat.

La première période politique est celle où les nobles, c’est-à-dire les conquérans, se considéroient comme les copartageans de la puissance royale de leur chef, tandis que la nation étoit divisée entre les différens seigneurs, qui disposoient d’elle à leur gré. Il n’y avoit alors