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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇOISE

à aucune époque, pendant les vingt-cinq années suivantes. Enfin l’ascendant de l’esprit public étoit tel, qu’il entraîna le parlement lui-même. Aucun corps ne s’est jamais montré plus ardemment défenseur des anciens usages que le parlement de Paris ; toute institution nouvelle lui paraissoit un acte de rébellion, parce qu’en effet son existence ne pouvoit être fondée sur les principes de la liberté politique. Des charges vénales, un corps judiciaire se prétendant en droit de consentir les impôts, et renonçant pourtant à ce droit quand les rois le commandoient : toutes ces contradictions, qui ne sauroient être que l’œuvre du hasard, n’admettoient point la discussion ; aussi étoit-elle singulièrement suspecte aux membres de la magistrature françoise. Tous les réquisitoires contre la liberté de la presse partoient du parlement de Paris. ; et, s’il mettoit des bornes au pouvoir actif des rois, il encourageoit en revanche ce genre d’ignorance, en matière de gouvernement, qui, seul, favorise l’autorité absolue. Un corps aussi fortement attaché aux vieux usages, et néanmoins composé d’hommes qui, par leurs vertus privées, méritoient beaucoup d’estime, décidoit nécessairement la question, en déclarant, par un arrêté des premiers