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Page:De Staël – La Révolution française, Tome I.djvu/430

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CONSIDÉRATIONS

mais l’on n’en est pas moins obligé de l’estimer.

Le parti républicain est le seul qui se soit montré lors de l’arrestation du roi. Le nom du duc d’Orléans ne fut pas seulement prononcé ; personne n’osa songer à un autre roi que Louis XVI ; et du moins lui rendit-on l’hommage de ne lui opposer que des institutions. Enfin la personne du monarque fut déclarée inviolable ; on spécifia les cas dans lesquels la déchéance seroit prononcée ; mais, si l’on détruisoit ainsi le prestige dont on doit entourer la personne du roi, on s’engageoit d’autant plus à respecter la loi qui lui garantissoit l’inviolabilité, dans toutes les suppositions possibles.

L’assemblée constituante a toujours cru, bien à tort, qu’il y avoit quelque chose de magique dans ses décrets, et qu’on s’arrêterait, en tout, juste à la ligne qu’elle auroit tracée. Mais son autorité, sous ce rapport, ressembloit à celle du ruban qu’on avoit tendu dans le jardin des Tuileries, pour empêcher le peuple de s’approcher du palais ; tant que l’opinion fut favorable à ceux qui avoient tendu ce ruban, personne n’imagina de passer outre ; mais dès que le peuple ne voulut plus de la barrière, elle ne signifia plus rien.