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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

de réprimer la liberté de la presse, ce fut l’archevêque de Sens, premier ministre du roi, qui invita, en son nom, tous les écrivains à faire connaître leur opinion sur la forme et la convocation des états généraux.

La religion protestante étoit établie en Angleterre ; mais comme l’Église anglicane admet le roi pour chef, Charles Ier avoit certainement beaucoup plus d’influence sur son Église que le roi de France sur la sienne. Le clergé anglois, conduit par Laud, quoique protestant, étoit et plus absolu sous tous les rapports, et plus sévère que le clergé françois : car l’esprit philosophique s’étoit introduit chez quelques-uns des chefs de l’Église gallicane, et Laud étoit plus sûrement orthodoxe que le cardinal de Rohan, le premier des évêques de France. L’autorité et la hiérarchie ecclésiastiques furent maintenues avec une extrême sévérité par Charles Ier. La plupart des sentences cruelles qu’on peut reprocher à la chambre étoilée eurent pour objet de faire respecter le clergé anglois. Celui de France ne se défendit guère, et ne fut pas défendu ; tous les deux furent également supprimés par la révolution.

La noblesse angloise n’eut point recours au mauvais moyen de l’émigration, au plus mau-