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CONSIDÉRATIONS

ple anglois jusqu’à la dernière génération. »

Malgré l’incomparable beauté de ces paroles, tel étoit l’effroi qu’inspiroit alors aux Anglois la crainte d’un bouleversement social, que le mot de liberté même ne retentissoit plus à leur âme. De tous les sacrifices qu’on peut faire à sa conscience d’homme public, il n’en est point de plus grand que ceux auxquels s’est condamné M. Fox, pendant la révolution de France. Ce n’est rien que de supporter des persécutions sous un gouvernement arbitraire ; mais de voir l’opinion s’éloigner de soi dans un pays libre ; mais d’être abandonné par ses anciens amis, quand, parmi ces amis, il y avoit un homme tel que Burke ; mais de se trouver impopulaire dans la cause même du peuple, c’est une douleur pour laquelle M. Fox mérite d’être plaint autant qu’admiré. On l’a vu verser des larmes au milieu de la chambre des communes, en prononçant le nom de cet illustre Burke, devenu si violent dans ses passions nouvelles. Il s’approcha de lui, parce qu’il savoit que son cœur étoit brisé par la mort de son fils ; car jamais l’amitié, dans un caractère tel que celui de Fox, ne sauroit être altérée par les sentimens politiques.

Il pouvoit être avantageux toutefois à l’An-