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CONSIDÉRATIONS

toit seul de la poudre sur ses cheveux, ses habits étoient soignés, et sa contenance n’avoit rien de familier. Le désir de dominer le portoit sans doute à se distinguer des autres, dans le moment même où l’on vouloit en tout l’égalité. L’on aperçoit aussi les traces d’un dessein secret, dans les discours embrouillés qu’il tenoit à la convention, et qui rappellent, à quelques égards, ceux de Cromwell. Il n’y a guère cependant qu’un chef militaire qui puisse devenir dictateur. Mais alors le pouvoir civil étoit bien plus influent que le pouvoir militaire ; l’esprit républicain portoit à la défiance contre tous les généraux victorieux ; les soldats eux-mêmes livroient leurs chefs, aussitôt qu’il s’élevoit la moindre inquiétude sur leur bonne foi. Les dogmes politiques, si ce nom peut convenir à de tels égaremens, régnoient alors, et non les hommes. On vouloit quelque chose d’abstroit dans l’autorité, pour que tout le monde fût censé y avoir pris part. Robespierre avoit acquis la réputation d’une haute vertu démocratique, on le croyoit incapable d’une vue personnelle : dès qu’on l’en soupçonna, sa puissance fut ébranlée.

L’irréligion la plus indécente servoit de levier au bouleversement de l’ordre social. Il y