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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

pour maintenir l’ordre ; il lui manquoit plusieurs prérogatives indispensables, et dont la privation amena, comme on le verra dans la suite, des convulsions destructives.

L’essai d’une république avoit de la grandeur ; toutefois, pour qu’il pût réussir, il auroit fallu peut-être sacrifier Paris à la France, et adopter des formes fédératives, ce qui, nous l’avons dit, ne s’accorde ni avec le caractère ni avec les habitudes de la nation. D’un autre côté, l’unité du gouvernement républicain paroît impossible, contraire à la nature même des choses dans un grand pays. Mais du reste l’essai a surtout manqué par le genre d’hommes qui ont exclusivement occupé les emplois ; le parti auquel ils avoient tenu pendant la terreur les rendoit odieux à la nation : ainsi l’on jeta trop de serpens dans le berceau d’Hercule.

La convention, instruite par l’exemple de l’assemblée constituante, dont l’ouvrage avoit été renversé parce qu’elle l’avoit abandonné trop tôt à ses successeurs, rendit les décrets du 5 et du 13 fructidor, qui maintenoient dans leurs places les deux tiers des députés existans ; mais on convint cependant que l’un des tiers restans seroit renouvelé dans dix-huit mois, et l’autre un an plus tard. Ce décret produisit