Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
161
SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

duré en tout quatre années, a été si misérable sous tous les rapports, qu’on a pu facilement attribuer le mal aux institutions elles-mêmes. Mais l’histoire impartiale mettra cependant sur deux lignes très-différentes la république avant le 18 fructidor, et la république après cette époque, si toutefois ce nom peut encore être mérité par les autorités factieuses qui se renversèrent l’une l’autre, sans cesser d’opprimer la masse sur laquelle elles retombaient.

Les deux partis extrêmes, les jacobins et les royalistes, attaquèrent le directoire dans les journaux, chacun à sa manière, pendant la première période directoriale, sans que le gouvernement s’y opposât, et sans qu’il en fût ébranlé. La société de Paris étoit d’autant plus libre, que la classe des gouvernans n’en faisoit pas partie. Cette séparation avoit et devoit avoir sans doute beaucoup d’inconvéniens à la longue ; mais, précisément parce que le gouvernement n’étoit pas à la mode, tous les esprits ne s’agitoient pas, comme ils se sont agités depuis, par le désir effréné d’obtenir des places, et il existoit d’autres objets d’intérêt et d’activité. Une chose surtout digne de remarque sous le directoire, ce sont les rapports de l’au-