Page:De Staël – La Révolution française, Tome II.djvu/229

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se faire pendant le règne de la terreur, conservoient toujours à ce sujet une agitation remarquable. Prononciez-vous un mot qui put se rapporter au souvenir qui les inquiétoit, ils vous racontoient aussitôt leur histoire dans le plus grand détail, et quittoient tout pour vous en parler des heures entières. Reveniez-vous à l’affaire dont vous vouliez les entretenir, ils ne vous écoutoient plus. La vie de tout individu qui a commis un crime politique est toujours rattachée à ce crime, soit pour le justifier, soit pour le faire oublier à force de pouvoir.

La nation, fatiguée de cette caste révolutionnaire, en étoit arrivée à ce période des crises politiques où l’on croit trouver du repos par le pouvoir d’un seul. Ainsi Cromwell gouverna l’Angleterre, en offrant aux hommes compromis par la révolution l’abri de son despotisme. L’on ne peut nier à quelques égards la vérité de ce mot, qu’a dit depuis Bonaparte : J’ai trouvé la couronne de France par terre, et je l’ai ramassée ; mais c’étoit la nation françoise elle-même qu’il falloit relever.

Les Russes et les Autrichiens avoient remporté de grandes victoires en Italie ; les partis