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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

tout ce qui avoit disparu devant elle.

Les dangers dont l’ambition du premier consul menaçoit l’Angleterre, sont signalés avec autant de vérité que de force dans le discours que nous venons de citer. Le ministère anglois est donc amplement justifié d’avoir recommencé la guerre ; mais, quoiqu’il ait pu, dans la suite, prêter plus ou moins d’appui aux adversaires personnels de Bonaparte, il ne s’est jamais permis d’autoriser un attentat contre sa vie ; une telle idée ne vint pas aux chefs d’un peuple de chrétiens. Bonaparte courut un grand danger par la machine infernale, assassinat le plus coupable de tous, puisqu’il menaçoit la vie d’un grand nombre d’autres personnes en même temps que celle du consul. Mais le ministère anglois n’entra point dans cette conspiration ; il y a lieu de croire que les chouans, c’est-à-dire, les jacobins du parti aristocrate, en furent seuls coupables. À cette occasion pourtant, on déporta cent trente révolutionnaires, bien qu’ils n’eussent pris aucune part à la machine infernale. Mais il parut simple alors de profiter du trouble que causoit cet événement, pour se débarrasser de tous ceux qu’on vouloit proscrire. Singulière façon, il faut le dire, de traiter l’espèce humaine ! Il