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CONSIDÉRATIONS

plus en France. Ce n’étoient ni la religion ni la philosophie qui lui importoient, dans l’existence d’un clergé tout-à-fait soumis à ses volontés ; mais, ayant entendu parler de l’alliance entre l’autel et le trône, il commença par relever l’autel. Aussi, en célébrant le concordat, fit-il, pour ainsi dire, la répétition habillée de son couronnement.

Il ordonna, au mois d’avril 1802, une grande cérémonie à Notre-Dame. Il y alla avec toute la pompe royale, et nomma pour l’orateur de cette inauguration, qui ? l’archevêque d’Aix, le même qui avoit fait le sermon du sacre à la cathédrale de Reims, le jour où Louis XVI fut couronné. Deux motifs le déterminèrent à ce choix : l’espoir ingénieux que plus il imitoit la monarchie, plus il faisoit naître l’idée de l’en nommer le chef ; et le dessein perfide de déconsidérer l’archevêque d’Aix, assez pour le mettre entièrement dans sa dépendance, et pour donner à tous la mesure de son ascendant. Toujours il a voulu, quand cela se pouvoit, qu’un homme connu fit quelque chose d’assez blâmable, en s’attachant à lui, pour être perdu dans l’estime de tout autre parti que le sien. Brûler ses vaisseaux, c’étoit lui sacrifier sa réputation ; il voulut faire des hommes une