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CONSIDÉRATIONS

auteur de la révolution ; car, s’il aimoit cette révolution comme l’ayant placé sur le trône, il la haïssoit par son instinct de despote : il auroit voulu l’effet sans la cause. D’ailleurs, son habileté en fait de haine lui avoit très-bien suggéré que M. Necker, souffrant plus que personne des malheurs qui avoient frappé tant de gens respectables en France, seroit profondément blessé, si, de la manière même la plus injuste, on le désignoit comme les ayant préparés.

Aucune réclamation pour la restitution du dépôt de mon père ne fut admise, à dater de la publication de son livre, en 1802 ; et le premier consul déclara, dans le cercle de sa cour, qu’il ne me laisseroit plus revenir à Paris, puisque, disoit-il, j’avois porté des renseignemens si faux à mon père sur l’état de la France. Certes, mon père n’avoit besoin de moi pour aucune chose dans ce monde, excepté, je l’espère, pour mon affection ; et, quand j’arrivai à Coppet, son manuscrit étoit déjà livré à l’impression. Il est curieux d’observer ce qui, dans ce livre, put exciter si vivement la colère du premier consul.

Dans la première partie de son ouvrage, M. Necker analysoit la constitution consulaire