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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

telle qu’elle existait alors, et il approfondissoit aussi l’hypothèse de la royauté constituée par Bonaparte, ainsi qu’où pouvoit la prévoir. Il posoit en maxime qu’il n’y a point de système représentatif sans élection directe du peuple, et que rien n’autorisoit à dévier de ce principe. Examinant ensuite l’institution aristocratique servant de barrière entre la représentation nationale et le pouvoir exécutif, M. Necker jugea d’avance le sénat conservateur, tel qu’il s’est montré depuis, comme un corps à qui l’on renvoyoit tout et qui ne pouvoit rien, un corps qui recevoit des appointemens, chaque premier du mois, de ce gouvernement qu’il étoit censé contrôler. Les sénateurs devoient nécessairement n’être que des commentateurs de la volonté consulaire. Une assemblée nombreuse s’associoit à la responsabilité des actes d’un seul, et chacun se sentoit plus à l’aise, pour s’avilir à l’ombre de la majorité.

M. Necker prédit ensuite l’élimination du tribunat, telle qu’elle eut lieu sous le consulat même, « Les tribuns y penseront à deux fois, dit-il, avant de se rendre importuns, avant de s’exposer à déplaire à un sénat qui doit chaque année fixer leur sort politique, et les perpétuer, ou non, dans leurs places. La