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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

mée, que leur existence et leur mort furent également funestes à la patrie.

À ces députés de la Gironde se joignirent Brissot, écrivain désordonné dans ses principes comme dans son style, et Condorcet, dont les hautes lumières ne sauroient être contestées, mais qui cependant a joué, dans la politique, un plus grand rôle par ses passions que par ses idées. Il étoit irréligieux comme les prêtres sont fanatiques, avec de la haine, de la persévérance, et l’apparence du calme : sa mort aussi tint du martyre.

On ne peut considérer comme un crime la préférence accordée à la république sur toute autre forme de gouvernement, si des forfaits ne sont pas nécessaires pour l’établir ; mais, à l’époque où l’assemblée législative se déclara l’ennemie du reste de royauté qui subsistoit encore en France, les sentimens véritablement républicains, c’est-à-dire, la générosité envers les faibles, l’horreur des mesures arbitraires, le respect pour la justice, toutes les vertus enfin dont les amis de la liberté s’honorent, portoient à s’intéresser à la monarchie constitutionnelle et à son chef. Dans une autre époque, on auroit pu se rallier à la république, si elle avoit été possible en France ; mais lorsque