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CONSIDÉRATIONS

Louis XVI vivoit encore, lorsque la nation avoit reçu ses sermens, et qu’en retour elle lui en avoit prêté de parfaitement libres, lorsque l’ascendant politique des privilégiés étoit entièrement anéanti, quelle assurance dans l’avenir ne falloit-il pas pour risquer, en faveur d’un nom, tout ce qu’on possédoit déjà de biens réels !

L’ambition du pouvoir se mêloit à l’enthousiasme des principes chez les républicains de 1792, et quelques-uns d’entre eux offrirent de maintenir la royauté, si toutes les places du ministère étoient données à leurs amis. Dans ce cas seulement, disoient-ils, nous serons sûrs que les opinions des patriotes triompheront. C’est une chose fort importante, sans doute, que le choix des ministres dans une monarchie constitutionnelle, et le roi fit souvent la faute d’en nommer de très-suspects au parti de la liberté ; mais il n’étoit que trop facile alors d’obtenir leur renvoi, et la responsabilité des événemens politiques doit peser tout entière sur l’assemblée législative. Aucun argument, aucune inquiétude, n’étoient écoutés par ses chefs ; ils répondoient aux observations de la sagesse, et de la sagesse désintéressée, par un sourire moqueur, symptôme de l’aridité qui