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CONSIDÉRATIONS

CHAPITRE IV.

Esprit des décrets de l’assemblée législative.

L’ASSEMBLÉE constituante avoit fait plus de lois en deux ans que le parlement d’Angleterre en cinquante ; mais au moins ces lois réformoient des abus et se fondoient sur des principes. L’assemblée législative ne rendit pas moins de décrets, quoique rien de vraiment utile ne restât plus à faire ; mais l’esprit de faction inspira tout ce qu’elle appeloit des lois. Elle accusa les frères du roi, confisqua les biens des émigrés, et rendit contre les prêtres un décret de proscription dont les amis de la liberté devoient être encore plus révoltés que les bons catholiques, tant il étoit contraire à la philosophie et à l’équité ! Quoi ! dira-t-on, les émigrés et les prêtres n’étoient-ils pas les ennemis de la révolution ? Ce motif étoit suffisant pour ne pas élire députés de tels hommes, pour ne pas les appeler à la direction des affaires publiques ; mais que deviendroit la société humaine, si, loin de ne s’appuyer que sur des principes immuables, l’on