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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

CHAPITRE XVII.

Un mot de Bonaparte, imprimé dans le Moniteur.

CE n’étoit pas assez que tous les actes de Bonaparte fussent empreints d’un despotisme toujours plus audacieux, il falloit encore qu’il révélât lui-même le secret de son gouvernement, méprisant assez l’espèce humaine pour le lui dire. Il fit mettre dans le Moniteur du mois de juillet 1810 ces propres paroles, qu’il adressoit au second fils de son frère Louis Bonaparte ; cet enfant étoit alors destiné au grand-duché de Berg : N’oubliez jamais, lui dit-il, dans quelque position que vous placent ma politique et l’intérêt de mon empire, que vos premiers devoirs sont envers moi ; vos seconds envers la France : tous vos autres devoirs, même ceux envers les peuples que je pourrais vous confier, ne viennent qu’après. Il ne s’agit pas là de libelles, il ne s’agit pas là d’opinions de parti : c’est lui, lui Bonaparte, qui s’est dénoncé ainsi plus sévèrement que la postérité n’auroit jamais osé le faire. Louis XIV fut accusé d’avoir dit dans son intérieur : l’état,