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CONSIDÉRATIONS

encore qu’avec respect, étoient devenus le jouet de quelques juifs, de quelques vieilles femmes de Wilna, tant leurs forces physiques les avoient abandonnés, long-temps avant qu’ils pussent mourir ! Il a reçu de cette armée des preuves de respect et d’attachement, lorsqu’elle périssoit un à un pour lui ; et il a refusé six mois après, à Dresde, une paix qui le laissoit maître de la France jusqu’au Rhin, et de l’Italie tout entière ! Il étoit venu rapidement à Paris, après la retraite de Russie, afin d’y réunir de nouvelles forces. Il avoit traversé avec une fermeté plus théâtrale que naturelle l’Allemagne dont il étoit haï, mais qui le redoutoit encore. Dans son dernier bulletin, il avoit rendu compte des désastres de son armée, plutôt en les outrant qu’en les dissimulant. C’est un homme qui aime tellement à causer des émotions fortes que, quand il ne peut pas cacher ses revers, il les exagère pour faire toujours plus qu’un autre. Pendant son absence, on avoit essayé contre lui la conspiration la plus généreuse (celle de Mallet) dont l’histoire de la révolution de France ait offert l’exemple. Aussi lui causa-t-elle plus de terreur que la coalition même. Ah ! que n’a-t-elle réussi, cette conjuration patriotique ! La France auroit eu la gloire de s’affranchir elle--