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CONSIDÉRATIONS

la défense du roi doivent en faire un document de l’histoire.

On ne pouvoit nier que Louis XVI, depuis son départ pour Varennes, ne se fût considéré comme captif, et en conséquence il n’avoit rien fait pour seconder l’établissement d’une constitution que les plus sincères efforts n’auroient peut-être pu maintenir. Mais avec quelle délicatesse M. Necker, qui croyoit toujours à la force de la vérité, ne la présente-t-il pas dans cette circonstance !

« Les hommes attentifs, les hommes justes admireront dans le roi la patience et la modération qu’il a montrées, lorsque tout changeoit autour de lui, et lorsqu’il étoit exposé sans cesse à tous les genres d’insultes ; mais s’il eût fait des fautes, s’il eût méconnu dans quelques points ses nouvelles obligations, ne seroit-ce pas à la nouvelle forme du gouvernement qu’il faudroit s’en prendre ? Ne seroit-ce pas à cette constitution, où un monarque n’étoit rien qu’en apparence ; où la royauté même se trouvoit hors de place ; où le chef du pouvoir exécutif ne pouvoit discerner ni ce qu’il étoit, ni ce qu’il devoit être ; où il étoit trompé jusque par les mots, et par les divers sens qu’on pouvoit leur donner ; où