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SUR LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

il étoit roi sans aucun ascendant ; où il occupoit le trône sans jouir d’aucun respect ; où il sembloit en possession du droit de commander, sans avoir le moyen de se faire obéir ; où il étoit successivement, et selon le libre arbitre d’une seule assemblée délibérante, tantôt un simple fonctionnaire public, et tantôt le représentant héréditaire de la nation ? Comment pourroit-on exiger d’un monarque, mis tout à coup dans les liens d’un système politique aussi obscur que bizarre, et finalement proscrit par les députés de la nation eux-mêmes ; comment pourroit-on exiger de lui d’être seul conséquent au milieu de la variation continuelle des idées ? Et ne seroit-ce pas une injustice extrême de juger un monarque sur tous ses projets, sur toutes ses pensées, dans le cours d’une révolution tellement extraordinaire, qu’il auroit eu besoin d’être en accord parfait, non seulement avec les choses connues, mais encore avec toutes celles dont on auroit vainement essayé de se former d’avance une juste idée ? »

M. Necker retrace ensuite dans son mémoire les bienfaits du règne de Louis XVI, avant la révolution ; les restes de la servitude abolis, la question préparatoire interdite, la corvée sup-