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CORINNE OU L’ITALIE

et Corinne en particulier, bien qu’on pût lui reprocher trop de franchise et d’entraînement dans le caractère, savait conserver beaucoup de dignité dans l’indépendance et de modestie dans la vivacité.

Corinne, à lord Nelvil.
Ce 15 décembre 1794.

« Je ne sais, Milord, si vous me trouverez trop de confiance en moi-même, ou si vous rendrez justice aux motifs qui peuvent excuser cette confiance. Hier je vous ai entendu dire que vous n’aviez point encore voyagé dans Rome, que vous ne connaissiez ni les chefs-d’œuvre de nos beaux arts, ni les ruines antiques qui nous apprennent l’histoire par l’imagination et le sentiment ; et j’ai conçu l’idée d’oser me proposer pour guide dans ces courses à travers les siècles.

Sans doute Rome présenterait aisément un grand nombre de savans dont l’érudition profonde pourrait vous être bien plus utile ; mais si je puis réussir à vous faire aimer ce séjour, vers lequel je me suis toujours sentie si im-