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CORINNE OU L’ITALIE

les colonnes, et que l’air joue librement autour ; mais surtout de ce que l’on n’y aperçoit presque point d’ornemens de détails, tandis que Saint-Pierre en est surchargé. C’est ainsi que la poésie antique ne dessinait que les grandes masses, et laissait à la pensée de l’auditeur à remplir les intervalles, à suppléer les développemens : en tout genre, nous autres modernes, nous disons trop.

Ce temple, continua Corinne, fut consacré par Agrippa, le favori d’Auguste, à son ami, ou plutôt à son maître. Cependant ce maître eut la modestie de refuser la dédicace du temple, et Agrippa se vit obligé de le dédier à tous les Dieux de l’Olympe pour remplacer le Dieu de la terre, la puissance. Il y avait un char de bronze au sommet du Panthéon, sur lequel étaient placées les statues d’Auguste et d’Agrippa. De chaque côté du portique ces mêmes statues se retrouvaient sous une autre forme ; et sur le frontispice du temple on lit encore : Agrippa l’a consacré. Auguste donna son nom à son siècle, parce qu’il a fait de ce siècle une époque de l’esprit humain. Les chefs-d’oeuvre en divers genres de ses contemporains formèrent, pour ainsi dire, les rayons de son auréole. Il sut honorer habilement les hommes de génie qui