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CORINNE OU L’ITALIE

Rome, depuis long-temps, est l’asile des exilés du monde, Rome elle-même n’est-elle pas détrônée ! son aspect console les rois dépouillés comme elle.

Cadono le città, cadono i regni,
E l’uom, d’esser mortal, par che si sdegni.

Les cités tombent, les empires disparaissent et l’homme s’indigne d’être mortel !

Placez-vous ici, dit Corinne à lord Nelvil, près de l’autel au milieu de la coupole, vous apercevrez à travers les grilles de fer l’église des morts qui est sous nos pieds, et en relevant les yeux vos regards atteindront à peine au sommet de la voûte. Ce dôme, en le considérant même d’en bas, fait éprouver un sentiment de terreur. On croit voir des abîmes suspendus sur sa tête. Tout ce qui est au-delà d’une certaine proportion cause à l’homme, à la créature bornée, un invincible effroi. Ce que nous connaissons est aussi inexplicable que l’inconnu ; mais nous avons pour ainsi dire pratiqué notre obscurité habituelle, tandis que de nouveaux mystères nous épouvantent et mettent le trouble dans nos facultés.

Toute cette église est ornée de marbres antiques, et ces pierres en savent plus que nous