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CORINNE OU L’ITALIE

sur les siècles écoulés. Voici la statue de Jupiter, dont on a fait un St.-Pierre en lui mettant une auréole sur la tête. L’expression générale de ce temple caractérise parfaitement le mélange des dogmes sombres et des cérémonies brillantes ; un fond de tristesse dans les idées, mais dans l’application la mollesse et la vivacité du midi ; des intentions sévères, mais des interprétations très-douces ; la théologie chrétienne et les images du paganisme ; enfin la réunion la plus admirable de l’éclat et de la majesté que l’homme peut donner à son culte envers la divinité.

Les tombeaux décorés par les merveilles des beaux arts ne présentent point la mort sous un aspect redoutable. Ce n’est pas tout à fait comme les anciens, qui sculptaient sur les sarcophages des danses et des jeux, mais la pensée est détournée de la contemplation d’un cercueil par les chefs-d’oeuvre du génie. Ils rappellent l’immortalité sur l’autel même de la mort ; et l’imagination, animée par l’admiration qu’ils inspirent, ne sent pas, comme dans le nord, le silence et le froid, immuables gardiens des sépulcres. — Sans doute, dit Oswald, nous voulons que la tristesse environne la mort, et même avant que nous fussions éclairés par les lumières du christianisme, notre mythologie ancienne,