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CORINNE OU L’ITALIE

Il est à souhaiter, pour l’honneur des Juifs, que cette anecdote soit vraie : les longs ressouvenirs conviennent aux longs malheurs.

Non loin de là est l’arc de Constantin, embelli de quelques bas-reliefs enlevés au Forum de Trajan par les Chrétiens, qui voulaient décorer le monument consacré au fondateur du repos ; c’est ainsi que Constantin fut appelé. Les arts, à cette époque, étaient déjà dans la décadence, et l’on dépouillait le passé pour honorer de nouveaux exploits. Ces portes triomphales qu’on voit encore à Rome perpétuaient, autant que les hommes le peuvent, les honneurs rendus à la gloire. Il y avait sur leurs sommets une place destinée aux joueurs de flûte et de trompette, pour que le vainqueur, en passant, fût enivré tout à la fois par la musique et par la louange, et goûtât dans un même moment toutes les émotions les plus exaltées.

En face de ces arcs de triomphe sont les ruines du temple de la Paix bâti par Vespasien ; il était tellement orne de bronze et d’or dans l’intérieur, que lorsqu’un incendie le consuma, des laves de métaux brûlans en découlèrent jusques dans le Forum. Enfin, le Colisée, la plus belle ruine de Rome, termine la noble enceinte où comparaît toute l’histoire. Ce superbe édi-