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CORINNE OU L’ITALIE

placé sur une hauteur sert de point de vue à distance, et l’on a toujours un sentiment de plaisir en apercevant, en retrouvant dans les diverses perspectives de Rome, ce député de l’Afrique, cette image d’un midi plus brûlant encore que celui de l’Italie, et qui réveille tant d’idées et de sensations nouvelles.

— Ne trouvez-vous pas, dit Corinne en contemplant avec Oswald la campagne dont ils étaient environnés, que la nature en Italie fait plus rêver que partout ailleurs ? On dirait qu’elle est ici plus en relation avec l’homme, et que le créateur s’en sert comme d’un langage entre la créature et lui. — Sans doute, reprit Oswald, je le crois ainsi ; mais qui sait si ce n’est pas l’attendrissement profond que vous excitez dans mon cœur qui me rend sensible à tout ce que je vois ? Vous me révélez les pensées et les émotions que les objets extérieurs peuvent faire naître. Je ne vivais que dans mon cœur, vous avez réveillé mon imagination. Mais cette magie de l’univers que vous m’apprenez à connaître ne m’offrira jamais rien de plus beau que votre regard, de plus touchant que votre voix. — Puisse ce sentiment que je vous inspire aujourd’hui durer autant que ma vie, dit Corinne, ou du moins puisse ma vie ne pas durer plus que lui ! —