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CORINNE OU L’ITALIE

Oswald et Corinne terminèrent leur voyage de Rome par la Villa Borghèse, celui de tous les jardins et de tous les palais romains où les splendeurs de la nature et des arts sont rassemblées avec le plus de goût et d’éclat. On y voit des arbres de toutes les espèces et des eaux magnifiques. Une réunion incroyable de statues, de vases, de sarcophages antiques, se mêlent avec la fraîcheur de la jeune nature du sud. La mythologie des anciens y semble ranimée. Les naïades sont placées sur le bord des ondes, les nymphes dans des bois dignes d’elles, les tombeaux sous des ombrages élyséens, la statue d’Esculape est au milieu d’une île, celle de Vénus semble sortir des ondes ; Ovide et Virgile pourraient se promener dans ce beau lieu, et se croire encore au siècle d’Auguste. Les chefs-d’oeuvre de sculpture que renferme le palais lui donnent une magnificence à jamais nouvelle. On aperçoit de loin, à travers les arbres, la ville de Rome et St.-Pierre, et la campagne et les longues arcades, débris des aquéducs qui transportaient les sources des montagnes dans l’ancienne Rome. Tout est là pour la pensée, pour l’imagination, pour la rêverie. Les sensations les plus pures se confondent avec les plaisirs de l’ame, et donnent l’idée d’un bonheur parfait ; mais quand l’on demande, pourquoi ce