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CORINNE OU L’ITALIE

sage ? Il y a beaucoup de philosophie, croyez-moi, dans mon apparente légèreté ; la vie doit être prise comme cela. — Vous avez peut-être raison, reprit Oswald ; mais c’est par nature, et non par réflexion que vous êtes ainsi, et voilà pourquoi votre manière d’être ne convient qu’à vous. —

Le comte d’Erfeuil entendit nommer Corinne dans la salle du bal, et il y entra pour savoir ce dont il s’agissait. Lord Nelvil s’avança jusqu’à la porte, et vit le prince d’Amalfi, Napolitain de la plus belle figure, qui priait Corinne de danser avec lui la Tarantelle, une danse de Naples, pleine de grâce et d’originalité. Les amis de Corinne le lui demandaient aussi. Elle accepta sans se faire prier ; ce qui étonna assez le comte d’Erfeuil, accoutumé qu’il était aux refus par lesquels il est d’usage de faire précéder le consentement. Mais en Italie, on ne connaît pas ce genre de grâces, et chacun croit tout simplement plaire davantage à la société, en s’empressant de faire ce qu’elle désire. Corinne aurait inventé cette manière naturelle, si déjà elle n’avait pas été en usage. L’habit qu’elle avait mis pour le bal était élégant et léger ; ses cheveux étaient rassemblés dans un filet de soie à l’italienne, et ses yeux exprimaient un plaisir