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CORINNE OU L’ITALIE

vous comprendrez mieux et ma douleur et son empire sur moi, et tout ce que je veux vous confier un jour. — Corinne prit ce recueil dont Oswald ne se séparait jamais, et, d’une voix tremblante, elle en lut quelques pages.

« Justes, aimés du Seigneur, vous parlerez de la mort sans crainte ; car elle ne sera pour vous qu’un changement d’habitation : et celle que vous quitterez est peut-être la moindre de toutes. Ô mondes innombrables qui remplissez à nos yeux l’infini de l’espace ! communautés inconnues des créatures de Dieu ; communautés de ses enfans, éparses dans le firmament et rangées sous ses voûtes ! que nos louanges se joignent aux vôtres : nous ignorons votre condition, nous ignorons votre première, votre seconde, votre dernière part aux générosités de l’Être suprême ; mais en parlant de la mort et de la vie, du temps passé, du temps à venir, nous atteignons, nous touchons aux intérêts de tous les êtres intelligens et sensibles, n’importe les lieux et les distances qui les séparent. Familles des peuples, familles des nations, assemblages des mondes, vous dites avec nous : Gloire au maître des cieux, au roi de la nature, au dieu de l’univers ; gloire, hommage à celui qui