LIVRE IX.
C’ÉTAIT le jour de la fête la plus bruyante
de l’année, à la fin du carnaval, lorsqu’il prend
au peuple romain comme une fièvre de joie,
comme une fureur d’amusement, dont on ne
trouve point d’exemple ailleurs. Toute la ville se
déguise, à peine reste-t-il aux fenêtres des
spectateurs sans masque pour regarder ceux
qui en ont ; et cette gaieté commence tel jour à
point nommé, sans que les événemens publics
ou particuliers de l’année empêchent presque
jamais personne de se divertir à cette époque.
C’est là qu’on peut juger de toute l’imagination
des gens du peuple. L’italien est plein de
charmes, même dans leur bouche. Alfieri disait
qu’il allait à Florence, sur le marché public,
pour apprendre le bon italien. Rome a le même
avantage et ces deux villes sont peut-être les