Page:De Staël - Corinne ou l'Italie, Tome I, 1807.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
376
CORINNE OU L’ITALIE

dans ces esprits tellement ardens et paresseux tout à la fois, qu’ils ont besoin de l’uniformité pour se calmer, et qu’ils l’aiment parce qu’elle les repose. Il y a dans les sermons une sorte d’étiquette pour les idées et les phrases. Les unes viennent presque toujours à la suite des autres ; et cet ordre serait dérangé si l’orateur parlant d’après lui-même, cherchait dans son ame ce qu’il faut dire. La philosophie chrétienne, celle qui cherche l’analogie de la religion avec la nature humaine, est aussi peu connue des prédicateurs italiens que toute autre philosophie. Penser sur la religion les scandaliserait presqu’autant que penser contre, tant ils sont accoutumés à la routine dans ce genre.

Le culte de la Vierge est particulièrement cher aux Italiens et à toutes les nations du midi, il semble s’allier de quelque manière à ce qu’il y a de plus pur et de plus sensible dans l’affection pour les femmes. Mais les mêmes formes de rhétorique exagérées se retrouvent encore dans tout ce que les prédicateurs disent à ce sujet et l’on ne conçoit pas comment leurs gestes et leurs discours ne changent pas constamment en plaisanteries ce qu’il y a de plus sérieux. On ne rencontre presque jamais en