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CORINNE OU L’ITALIE


CHAPITRE IV


MAIS le vendredi saint rendit bientôt à lord Nelvil toutes les émotions religieuses qu’il regrettait de n’avoir pas éprouvées les jours précédens. La retraite de Corinne allait finir ; il attendait le bonheur de la revoir ; les douces espérances du sentiment s’accordent avec la piété, il n’y a que la vie factice du monde qui puisse en détourner tout-à-fait. Oswald se rendit à la chapelle Sixtine pour entendre le fameux Miserere vanté dans toute l’Europe. Il arriva de jour encore, et vit ces peintures célèbres de Michel-Ange, qui représentent le jugement dernier, avec toute la force effrayante de ce sujet, et du talent qui l’a traité. Michel-Ange s’était pénétré de la lecture du Dante ; et le peintre comme le poëte représente des êtres mythologiques en présence de Jésus-Christ ; mais il fait presque toujours du paganisme le mauvais principe, et c’est sous la forme des démons qu’il caractérise les fables païennes. On