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CORINNE OU L’ITALIE

aperçoit sur la voûte de la chapelle les Prophètes et les Sibylles appelées en témoignage par les chrétiens[1] ; une foule d’anges les entourent, et toute cette voûte ainsi peinte semble rapprocher le ciel de nous ; mais ce ciel est sombre et redoutable ; le jour perce à peine à travers les vitraux qui jettent sur les tableaux plutôt des ombres que des lumières ; l’obscurité agrandit encore les figures déjà si imposantes que Michel-Ange a tracées ; l’encens, dont le parfum a quelque chose de funéraire, remplit l’air dans cette enceinte, et toutes les sensations préparent à la plus profonde de toutes, celle que la musique doit produire.

Pendant qu’Oswald était absorbé par les réflexions que faisaient naître tous les objets qui l’environnaient, il vit entrer dans la tribune des femmes, derrière la grille qui les sépare des hommes, Corinne qu’il n’espérait pas encore, Corinne vêtue de noir, toute pâle de l’absence, et si tremblante dès qu’elle aperçut Oswald, qu’elle fut obligée de s’appuyer sur la balustrade pour avancer : en ce moment le miserere commença.

  1. Teste David cum Sibyllâ.