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CORINNE OU L’ITALIE

pompes extérieures, et les pratiques multipliées de votre religion, croyez-moi, chère amie, la contemplation de l’univers et de son auteur sera toujours le premier des cultes, celui qui remplira l’imagination, sans que l’examen y puisse trouver rien de futile ni d’absurde. Les dogmes qui blessent ma raison refroidissent aussi mon enthousiasme. Sans doute le monde, tel qu’il est, est un mystère que nous ne pouvons ni nier ni comprendre, il serait donc bien fou, celui qui se refuserait à croire tout ce qu’il ne peut expliquer ; mais ce qui est contradictoire, est toujours de la création des hommes. Le mystère, tel que Dieu nous l’a donné, est au-dessus des lumières de l’esprit, mais non en opposition avec elles. Un philosophe allemand a dit : Je ne connais que deux belles choses dans l’univers, le ciel étoilé sur nos têtes et le sentiment du devoir dans nos cœurs. En effet, toutes les merveilles de la création sont réunies dans ces paroles.

Loin qu’une religion simple et sévère dessèche le cœur, j’aurais pensé, avant de vous connaître, Corinne, qu’elle seule pouvait concentrer et perpétuer les affections. J’ai vu la conduite la plus austère et la plus pure développer dans un homme une inépuisable tendresse ; je l’ai vu conserver jusques dans la vieillesse une virgi-