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CORINNE OU L’ITALIE

constaté si publiquement. Il y a toujours dans les succès d’un homme auprès d’une femme quelque chose qui déplaît, même aux meilleurs amis de cet homme. — Je vois que je n’y peux rien, dit le comte d’Erfeuil, mais quand vous serez bien malheureuse, vous vous souviendrez de moi ; en attendant je vais quitter Rome, puisque ni vous ni lord Nelvil n’y serez plus, je m’y ennuierais trop en votre absence ; je vous reverrai sûrement l’un et l’autre en Écosse ou en Italie, car j’ai pris goût aux voyages en attendant mieux. Pardonnez-moi mes conseils, charmante Corinne, et croyez toujours à mon dévouement. — Corinne le remercia et se sépara de lui avec un sentiment de regret. Elle l’avait connu en même temps qu’Oswald, et ce souvenir formait entre elle et lui des liens qu’elle n’aimait pas à voir brisés. Elle se conduisit comme elle l’avait annoncé au comte d’Erfeuil. Quelques inquiétudes troublèrent un moment la joie avec laquelle lord Nelvil avait accepté le projet du voyage : il craignit que le départ pour Naples ne pût faire tort à Corinne, et voulait obtenir d’elle son secret avant ce départ, pour savoir avec certitude s’ils n’étaient point séparés par quelque obstacle invincible ; mais elle lui déclara qu’elle ne s’expliquerait qu’à Naples, et lui fit